« Gestes de cinéma documentaire – Déplacements »

Organisateurs : Lucile Combreau, Lucie Leszez (Université Grenoble-Alpes), Mariya Nikiforova (Paris 8, Light Cone)

Ouvert à toutes et tous, le séminaire « Gestes de cinéma documentaire » propose de questionner la portée critique, politique et poétique de gestes cinématographiques, lorsque les cinéastes négocient avec le réel et l’histoire pour les remettre en jeu, inventent des formes nouvelles et décadrent le regard, pour penser plus librement. Il s’agit de s’intéresser à des démarches de cinéma documentaire où filmer le réel signifie penser avec le réel, au-dedans du réel, depuis et avec celui-ci, dans son historicité. Les séances sont organisées autour de projections de films (en numérique, 16 mm ou super 8) et de rencontres avec des cinéastes invités.

Nous nous intéresserons pour cette troisième année à des gestes cinématographiques liés à différentes formes de déplacement. La question sera envisagée au regard de cinéastes qui vont à la rencontre d’espaces qui leur sont autres, de personnes filmées lors de leurs trajets quotidiens ou de leurs trajectoires de vies, ainsi qu’au regard de déplacements sensibles et perceptifs créés sur et avec la matière filmique et filmée. Il s’agira de voir ce qui peut être déplacé et expérimenté à l’occasion de ces divers gestes documentaires et d’interroger les reconfigurations sensibles et spatiales qui sont à l’œuvre.

CALENDRIER : une séance mensuelle à l’ENS Ulm.

Lucile Combreau, Lucie Leszez et Mariya Nikiforova.

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Séances du séminaire

Séance(s) passée(s)

  • Expériences carnavalesques, cinéma et photographie documentaires en déplacement – avec Grégory Bétend et Nicola Lo Calzo

    Pour ouvrir la troisième année du séminaire, nous invitons le cinéaste Grégory Bétend et le photographe Nicola Lo Calzo à discuter avec nous de la façon dont la couleur et la matière des images travaillent la visibilité et l’opacité de l’expression vivante des mémoires de l’esclavage dans leurs démarches artistiques.

    La projection du film La Nuit des rois de Grégory Bétend et la présentation du projet Cham du photographe Nicola Lo Calzo seront l’occasion d’interroger la notion de déplacement au regard, d’une part des trajectoires des deux artistes (vers le Brésil pour Grégory Bétend, en Afrique de l’Ouest, aux Amériques et en Europe pour Nicola Lo Calzo), et d’autre part de la mise en mouvement voire du renversement des identités qui s’expriment dans l’expérience carnavalesque, dans les gestes de pratiques culturelles et rituelles et sous les masques des personnes et des personnages qui investissent l’espace visuel ou sonore de leurs œuvres1.

    La Nuit des rois | France | 2018 | 16 minutes | HD

    José Costa exerce la profession de « nègre ». Il écrit les histoires de ses commanditaires. Un soir à Recife, il traverse une fête populaire et spirituelle dont l’origineremonte à l’histoire coloniale du Brésil. Lui, l’écrivain fantôme, est l’homme de l’ombre, la plume anonyme et muette. À la faveur des croyances populaires et de leur magie, s’ouvre cette nuit la possibilité d’une histoire réécrite.

    CHAM – Mémoires et persistances de l’esclavage colonial, une enquête photographique 2010-2020

    « Avec Cham je documente l’héritage de la traite et de l’esclavage occidental des Africains dans le monde atlantique au XXIème siècle et je m’intéresse en particulier au patrimoine immatériel encore existant, c’est à dire aux diverses manifestations des mémoires de l’esclavage colonial et des résistances à celui-ci. La genèse du projet Cham s’inscrit fondamentalement dans un questionnement personnel sur l’identité. Qu’est-ce que l’autre ? Comment est-il fabriqué, par qui, et par quel système ? Il s’agit de questions que l’on se pose quand on découvre appartenir à une minorité – comme c’est le cas pour moi. Mon travail photographique s’est peu à peu construit spontanément autour des minorités (que ce soit en fonction du genre, de la race, de l’orientation sexuelle ou de la classe), de leurs combats, de leurs négociations et de leurs stratégies pour exister face à un système dominant. […] Cham n’est pas un inventaire systématique des mémoires. Cham est avant tout un voyage à travers une nouvelle géographie de la mémoire et du monde, qui souhaite « déplacer les centres2 » et éveiller les consciences sur des savoirs et des pratiques à la marge, les peuples qui en sont les dépositaires et leur incessante circulation par-delà l’Atlantique. » Nicola Lo Calzo

    1 Le film de Grégory Bétend s’inspire notamment de deux oeuvres littéraires, l’une romanesque l’autres théâtrale, où les personnages refusent d’être assigné à un genre, un lieu ou une place dans la société.
    Chico Buarque, Budapest, traduit du portugais du Brésil vers le français par Jacques Thiériot, Gallimard, 2005 pour l’édition française, Editora Companhia das Letras, 2003 pour l’édition originale.
    William Shakespeare, La Nuit des rois, 1602 pour la première représentation.
    2 Ngũgĩ wa Thiong’o, Moving the Centre. The Struggle for Cultural Freedom, James Currey, 1993.

    ENS Paris, salle Dussane
    45 rue d’Ulm, 75005 Paris

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