Genre : Littératures, Arts, Médias - 2021-2022

Organisateurs : Thibaut Casagrande, Fanny Lignon

De plus en plus de travaux conduits au sein de THALIM s’inscrivent, de près ou de loin, dans une approche genrée des arts et des littératures. Cependant, force est de constater leur éclatement au sein de l’unité, ce qui a pour conséquence de nuire à leur visibilité tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des équipes qui composent notre laboratoire.
L’atelier transversal GLAM se propose de pallier ce problème, d’ordre tout à la fois scientifique et structurel. Il se donne trois missions : regrouper des travaux actuellement épars ; permettre l’émergence et la réalisation de projets innovants, collectifs comme individuels ; valoriser ces recherches à l’intérieur de l’unité et intensifier leur rayonnement dans le champ académique.
Le GLAM a vocation à accueillir, de façon ponctuelle ou sur un plus long terme, l’ensemble des travaux menés dans le triple champ de la littérature, des arts et des médias par les chercheurs et enseignants-chercheurs de THALIM, quelle que soit l’approche « genre » dans laquelle ils s’inscrivent. Il permet le financement partiel des événements et publications afférentes.
Les travaux en cours sont présentés dans le cadre d’un séminaire bimestriel qui permet notamment de confronter avec profit et de façon pédagogique la pluralité des approches genre, dans des perspectives esthétiques, anthropologiques ou historiques.

Séances du séminaire

Séance(s) passée(s)

  • Séance 6 - « Notre femme-poète » : André Breton et les autrices du surréalisme, entre essentialisation et collaboration (Antoine Poisson)
  • Séance 5 - Genre et orientalisme. Récits de voyage au féminin (Natascha Ueckmann)
  • Séance 4 - Présentation de l’ouvrage Travestissements. Performances culturelles du genre (Anne Castaing et Fanny Lignon) (Séance annulée pour cause de covid)
  • Séance 3 - Phia Ménard : Gestes et silence ou l’incroyable combat d’une artiste avec la matière (Mirella Patureau)

    Trois contes immoraux (pour Europe) au Festival d’Avignon, juillet 2021

    Phia Ménard, née à Nantes en 1971, vient du monde du cirque, de la danse contemporaine et du théâtre performance. Après avoir été formée et avoir travaillé avec le jongleur Jérôme Thomas et le chorégraphe Hervé Diasnas, elle fonde en 1998 la compagnie Non Nova, basée à Nantes, avec l’ambition « d’abandonner la question de la virtuosité pour travailler le défaut, loin du cirque et de la jonglerie, en se [me] rapprochant de la danse, du théâtre et de la performance ». Sa transition, ouvertement entamée dès 2008, va davantage influencer son parcours artistique. Sa recherche sur l’« injonglabilité complémentaire des éléments » — « ayant pour objet l’étude des imaginaires de la transformation et de l’érosion au travers de matériaux naturels » — la conduit à explorer la glace, l’eau, l’air et leurs influences sur les comportements humains. Le premier spectacle né de ce projet en janvier 2008, P.P.P. (Position parallèle au plancher), a fait de la glace « sa carte d’identité artistique, un symbole aussi de sa métamorphose, de son «  coming-out  ».
    Son spectacle Saison sèche, dénonçant les normes du patriarcat imposées aux femmes est créée au Festival d’Avignon en 2018.
    Phia Ménard est artiste associée au Théâtre National de Bretagne de Rennes et de Malraux Scène nationale de Chambéry. Elle travaille également au Centre international de Formation en Arts du Spectacle (CIFAS) de Bruxelles avec le philosophe Paul B. Preciado sur la question du genre.

    La Trilogie des Contes Immoraux (pour Europe)
    Points de départ et consonances :
    « Au départ, je suis jongleuse. Très vite, j’ai dépassé l’objet à manipuler, pour en arriver aux éléments : le vent, l’eau, la glace. Ce qui mène à la question de l’équilibre, de l’espace. Et puis la question de l’habitat me semble très révélatrice de nos problèmes d’aujourd’hui. On se réinterroge sur la notion de cabane, notamment. C’est un peu l’histoire des Trois Petits Cochons. Comment on fait, qu’est-ce qu’on construit pour résister au loup ? L’architecture amène à reconvoquer beaucoup de symboles, notamment celui de la construction européenne, comme on l’appelle justement, qui était le point de départ de la Trilogie. « (Propos recueillis dans Le Monde, 21 juillet 2021.)

    Spectacle parti d’une commande de la documenta 14, quinquennale d’art contemporain de Kassel, en Allemagne autour de deux thématiques : « Apprendre d’Athènes » et « Pour un Parlement des corps ». C’est ainsi que sous une forme de conte est née la première partie de la trilogie, Maison mère, écrite en 2017. Assise silencieuse sur scène, guettant un temps le public, Phia Ménard, en Athéna guerrière façon punk, se met à arpenter toujours silencieuse la scène, mesure, découpe des pans du plateau en carton et se met à construire devant nous une bâtisse, toute en carton, un Panthéon inattendu et fragile. Une eau qui coule généreusement des cintres, une pluie monotone et de plus en plus dense détruit finalement la bâtisse, la Maison mère de notre civilisation, sous les yeux impavides de la guerrière. Ensuite, le deuxième moment de la trilogie, Temple Père, fait référence à la construction de la Tour de Babel, symbole phallique par excellence et de la société patriarcale. Des esclaves-acrobates hissent les trois étages de la Tour, sous les ordres incantatoires d’une femme dominatrice, dans un rythme chamanique et envoûtant. C’est un collage de textes en plusieurs langues, qui commence par Hermès Trismégiste, en passant par Metropolis de Fritz Lang et qui finit avec l’hymne suprême, « La machine est mon seigneur et mon maître », titre d’un livre collectif paru en 2015 et qui réunit des enquêtes et des témoignages sur la vie des ouvriers chinois de Foxconn où se fabriquent les IPhone d’Apple, les Kindle et autres Playstation. La troisième partie, La Rencontre inédite, très courte, nous mène face à face avec nous-mêmes. Dans la Tour illuminée, on voit de dos Phia - l’Athéna guerrière punk, de dos, toute nue. Elle descend lentement et - après avoir projeté avec un extincteur de la teinture noire sur une toile en plastique, qui tombe brusquement derrière elle - se retourne vers la salle et nous contemple en silence. Entre récit mythologique, allégorie philosophique et fable politique, ces trois tableaux nous donnent à voir un monde au bord de la noyade mais aussi les raisons d’un espoir : « Si aujourd’hui j’avais une aspiration à croire, je croirais en l’Europe, car c’est celle qui me garantit la paix, la possibilité d’avoir une altérité, c’est un creuset de rivières, de fleuves, de connexions, de langues qui nous relient. Ce sont des lieux de rêve. Ces contes sont une prière pour l’Europe ».

    La Trilogie des Contes Immoraux (pour Europe) sera présentée dans une série de tournées en France et Belgique et,notamment, dans la région parisienne, à la MC93 Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis Bobigny du 6 au 12 janvier 2022.

    Université Paris 3 - salle 441
    13 rue de Santeuil, 75005 Paris

  • Séance 2 - Contre l’idéologie "néoféministe" : Vagit-Prop, Lâchez tout et autres textes, "l’appel à la désertion" d’Annie Le Brun. (Deborah Duvignaud)
  • Séance 1 - Bioéthique et genre : représentations contemporaines de la grossesse dans les oeuvres de Justine Arnal (Katie travers)
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