Bertrand Marchal, « Les tribulations éditoriales de Mallarmé »
Cette intervention illustrée de documents se propose d’évoquer les relations qui ne furent pas toujours faciles de Mallarmé avec ses éditeurs (au sens large du terme), du Parnasse contemporain de 1866 à l’édition Deman des Poésies et au Coup de dés, en passant par L’Après-midi d’un faune, l’édition photolithographiée des Poésies et les Poèmes d’Edgar Poe. Si les éditeurs eurent leur part de responsabilité dans les difficultés que rencontra Mallarmé, celui-ci eut aussi la sienne, par ses exigences inédites sans doute (qu’on pense au Coup de dés), mais aussi pour des raisons qui ne relèvent pas toutes de questions esthétiques.
Bertrand Marchal, professeur émérite à Sorbonne Université, a consacré l’essentiel de ses travaux à la poésie française du XIXe siècle, et plus particulièrement à Mallarmé dont il a édité les Œuvres complètes dans la Pléiade (2 volumes, Gallimard, 1998 et 2003), ainsi que la Correspondance 1854-1898 (Gallimard, 2019).
Patrick Née, « Une direction éditoriale d’exception : celle d’“Idées et Recherches” par Yves Bonnefoy, chez Flammarion »
L’activité éditoriale d’Yves Bonnefoy s’est révélée exceptionnelle pour un poète, et confirme sa dimension « pensante » qu’il faudra bien prendre tout de même un jour au sérieux pour comprendre qui il fut et ce qu’il entendait par « poésie ».
Il a en effet créé deux collections chez Flammarion, « Sur les balances du temps », puis « Idées et recherches », prestigieuse en particulier dans le domaine de l’histoire de l’art à dimension iconologique (mais pas seulement), ainsi que le Dictionnaire des mythologies auquel collaborèrent les meilleurs spécialistes de l’Ecole Pratique des Hautes Etudes, du Collège de France, des grandes Universités françaises et étrangères. IL décida également de l’édition des oeuvres complètes de poètes ses amis dont il entendait faire reconnaître l’éminente valeur, chez son propre éditeur le Mercure de France : ainsi parurent Gilbert Lely, Christian Dotremont et Pierre-Albert Jourdan.
Je me limiterai au cas déjà extrêmement riche et complexe d’Idées et recherches, qui conjoint les études sur l’art (35 ouvrages — iconologie, image et signe), sur la critique littéraire (2 seulement), et sur l’histoire des religions et les mythes (12 volumes), publiées de 1973 à 2002.
Patrick Née, professeur émérite, a consacré 9 essais à Yves Bonnefoy (depuis Poétique du lieu ou Moïse sauvé, PUF, en 1999, en passant par Yves Bonnefoy penseur de l’image ou les Travaux de Zeuxis, Gallimard, en 2006, jusqu’à Yves Bonnefoy, critique et poésie chez Hermann, et Yves Bonnefoy, l’inconscient à l’oeuvre, aux Classiques Garnier en 2023, année du centenaire de la naissance du poète). S’y ajoutent 39 articles et 4 collectifs (dont l’important Yves Bonnefoy, poésie, savoirs et recherche, Hermann, 2007) – ainsi que la coédition en 2023 de ses Œuvres poétiques en « Bibliothèque de la Pléiade ». En outre, il a publié sur Breton (Lire Nadja, Dunod, 1992), Char (René Char, une poétique du Retour, Hermann, 2007 ; Dictionnaire Char, Garnier, 2015), Jaccottet (Ph. Jaccottet. À la lumière d’Ici, Hermann, 2008), Gaspar (Lorand Gaspar, une poétique du vivant, Hermann, 2020). Au carrefour de la philosophie, de la psychanalyse et de l’histoire de l’art, sa centaine d’articles porte sur le romantisme et ses suites (Chateaubriand, Musset, Nerval, Gautier, Baudelaire, Rimbaud, Mallarmé), Apollinaire, le surréalisme et alentours. Plusieurs de ses études sur les XIXe et XXe siècles ont été réunies dans L’Ailleurs en question accompagné par L’Ailleurs depuis le romantisme (Hermann, 2009). Il a orchestré Le Quatrième Genre : l’Essai (PUR, 2017) et Naissance de la critique littéraire et de la critique d’art dans l’essai (Garnier, 2019).
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