Critiques du surréalisme 2016-2017

Organisateurs : Marie-Paule Berranger, Olivier Penot-Lacassagne

Le surréalisme, comme tout objet d’étude, est un objet construit, pris dans l’histoire des idées esthétiques, les évolutions de l’épistémè. Il est de surcroît le support de multiples projections, appropriations, surenchères. Ses définitions, ses évaluations et ses réévaluations critiques ont donc une histoire à laquelle entend s’attacher ce séminaire qui se déroulera sur deux années (2016-2017).

Perspectives

Le surréalisme apparaît comme un objet pluriel, par ses bords mouvants, ses évolutions internes, cette vie typique des avant-gardes indexée sur des crises répétées, mais aussi par les points de vue critiques le valorisant ou le dévalorisant, les synthèses successives, les expositions publiques qui l’ont peu à peu constitué en objet d’étude.

Le temps semble venu de reconsidérer le surréalisme (ou de revoir ce qui a pris ce nom et cette forme dans différents discours) à l’aune des perspectives critiques contemporaines et des possibilités d’accès aux archives qu’ouvrent les nouvelles technologies. Le mouvement surréaliste a surdéterminé les prises de position et les postures de nombreuses avant-gardes et de courants de pensée majeurs qui, en France, mais aussi aux États-Unis, au Canada ou en Amérique du Sud par exemple, ont eu besoin de se définir face à lui et d’en proposer ainsi une lecture, voire une version, qui ne coïncident pas nécessairement avec celle que construit l’histoire littéraire.

Ce séminaire se propose donc de suivre la trace de cette construction évolutive : de Sartre, Camus ou Bataille à Blanchot ou Foucault, des situationnistes aux telquéliens, de Clement Greenberg à Franklin et Penelope Rosemont, d’Yves Bonnefoy à Christian Prigent, de Xavière Gauthier et Régis Debray à Antoine Compagnon et Jean Clair. Il réunira les spécialistes du surréalisme et des avant-gardes du XXe siècle - littéraires, philosophes, historiens des idées - et les chercheurs intéressés, plus largement, par la question de la construction des objets critiques.

Trois axes principaux conduiront nos réflexions :

1) L’examen des évaluations et réévaluations qui forgent l’histoire du surréalisme au fil du XXe siècle, du discours critique et idéologique qui les sous-tend, envisagera le mouvement dans tous ses aspects : littéraire, artistique, philosophique, politique, sociologique, sans privilégier la période de formation du surréalisme historique.
Comment écrit-on l’histoire du surréalisme, et de quel surréalisme à chaque fois parle-t-on ? Comment les travaux de tel ou tel ont-ils réorienté le débat critique sur les écritures et les esthétiques surréalistes ?
Nous intéressent, par exemple, l’étude des diverses expositions le concernant, en France et dans le monde : ces manifestations, dont le rythme semble s’être accéléré depuis les années quatre-vingt dix, ont participé à la construction de « l’objet surréalisme » ; ou encore la manière avec laquelle l’accent se déplace dans les synthèses qui en sont proposées depuis l’Histoire du surréalisme de Maurice Nadeau, en 1945 (celles, entre autres, d’Henri Béhar, de Jacqueline Chénieux, de Michel Murat, Wolfgang Asholt et Hans Theo Siepe, Michael Sheringham…).

2) La façon dont le surréalisme nous parvient et passe le cap du XXIe siècle est aussi liée à la question de l’archive : ventes et collections, constitution de fonds surréalistes (à l’IMEC, à la Bibliothèque Doucet, à la BNF) ; stratégies de classement, de numérisation, d’édition. L’histoire même de la valorisation et de la diffusion des œuvres et des archives surréalistes est un point important de réflexion.

3) Un dialogue souvent polémique s’est institué entre les avant-gardes de la seconde moitié du XXe siècle, certains courants de pensée ou certains philosophes, et les textes surréalistes. Quelles lectures du surréalisme le lettrisme, le situationnisme, le telquélisme ont-ils produites ? Qu’indiquent les réserves ou le silence (rarement indifférent) de tel ou tel penseur ? Que traduisent les récentes réévaluations critiques d’un Sollers ou d’un Bonnefoy ? Qu’exprime, au-delà des relectures et des commémorations, la résistance au surréalisme de certaines figures de la modernité post-avant-gardiste ?

Contacts
Marie-Paule Berranger
Olivier Penot-Lacassagne

Séances du séminaire

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