CONSTELLATION CENDRARS. Faire création de tout. Blaise Cendrars multimédial Séminaire 2023-2024

Organisateurs : Marie-Paule Berranger, Myriam Boucharenc

Nombreux sont les écrivains entrés en littérature peu avant ou après la Grande Guerre – Cocteau, Soupault, Desnos, Beucler et bien d’autres encore – qui ont fait dialoguer poésie et peinture, écriture et photographie, se sont passionnés pour le cinéma, ont répondu à l’appel du reportage et de la publicité, avant de se tourner vers la radio, pour l’essentiel après la Seconde Guerre. Cet élan médiatique les a conduits à dépayser l’écriture en s’aventurant « hors le livre », à élargir leur champ d’action au monde des sons et des images. Ils ont ainsi exploré les possibles et les contraintes de ces formes nouvelles d’expression au point que l’histoire de la modernité littéraire du XXe siècle n’est pas dissociable de celle des médias, ses supports, ses techniques, ses genres et ses acteurs.
Le parcours de Cendrars, exemplaire à cet égard, présente toutes les facettes possibles d’une inlassable curiosité pour les domaines de création qui permettent de « dégeler les paroles » en leur donnant souffle et corps, à commencer par le « septième art » – une périphrase qui a fait son chemin et qu’on lui devrait – jusqu’aux nombreux entretiens pour la presse ou la radio française et suisse, où l’auteur s’est plu à distiller sa légende. La Fin du monde filmée par l’Ange N.-D, Kodak, L’ABC du cinéma, Films sans images : il n’est que d’égrener ces quelques titres pour que se dessine le profond sillon qu’ont tracé dans son œuvre la passion des images, le bruissement des sons et des voix, cette « rumeur du monde » à laquelle il pensait dédier un livre-somme.
Dans le prolongement des études recueillies en 2006 dans BlaiseMédia. Cendrars et les médias (Ritm, n° 36), le séminaire poursuivra l’examen du foisonnant corpus « multimédial » de l’auteur en mettant l’accent sur les transferts techniques et les collaborations inter-artistiques : adaptations et lectures radiophoniques de ses œuvres, livrets de ballets, projets et scénarios de films, création avec musiciens, réalisateurs, photographes et peintres. Il envisage les relations et les formes de travail qui se sont construites avec quelques figures majeures de l’art radiophonique (Paul Gilson, Nino Frank, Albert Rièra, Alain Trutat), les interactions qui modifient les pratiques d’écriture « littéraire », les effets de capillarité entre modalités de l’image en mouvement et poétique, les concurrences et les croisements entre l’écrit et l’oral, le lisible et le visible. Enfin, il se propose de situer les interventions du poète dans ces domaines que lui ont découverts les nouvelles technologies de son temps au regard des expérimentations de ses contemporains et de leur usage des nouveaux supports. Quelles conceptions de la « mise en ondes », de « l’illustration » sonore, de la voix à la radio, de la diction, du « documentaire » ou de l’entretien radiophonique prévalent alors ? Quelle forme revêt le scénario, un genre non encore « fixé » quand Cendrars s’y essaie ?

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