Rencontres « Roland Barthes, en sortant du cinéma » Centenaire de Roland Barthes 1915-2015

Intervenant : Antoine de Baecque

Centre Pompidou - Cinéa 1 et Petite Salle
Place Georges Pompidou - 75004 Paris

Six soirées-rencontres "Parole à la critique" dans le cadre du "Centenaire Roland Barthes 1915-2015" sur une proposition d’Eric Marty, Marie Gil et Antoine de Baecque, programmation de Jean-Pierre Criqui, Service de la Parole, DDC / Centre Pompidou.

« Roland Barthes (1915-1980) fut tout à la fois critique littéraire, linguiste, sociologue, écrivain, philosophe. Figure d’exception parmi les intellectuels de sa génération, il l’est tant par le caractère inclassable de son oeuvre que par l’immense succès de sa pensée, au centre, aujourd’hui encore, du monde des lettres. Or Barthes fut aussi, et cela est moins connu, critique, théoricien et penseur du cinéma – il fut même acteur le temps d’un film : Les Soeurs Brontë d’André Téchiné, en 1977.
Le titre de ces rencontres autour de Barthes et le cinéma s’inspire d’un célèbre texte qu’il fait paraître en 1975, intitulé « En sortant du cinéma », qui commence par cette phrase : « Le sujet qui parle ici doit reconnaître une chose : il aime à sortir d’une salle de cinéma. » Il y a là comme une allégorie du rapport paradoxal de Barthes au cinéma : à la fois un rapport d’extrême familiarité à cet art, l’acte ordinaire de sortir d’une salle obscure dans le cortège murmurant des spectateurs, et l’expression d’une réticence déclarée, une manière de tourner le dos au cinéma. Il a même pu déclarer ne pas aimer le cinéma, auquel dans le même temps, pourtant, il consacrait tant de pages d’écriture. C’est sans doute la raison pour laquelle le rapport de Barthes au cinéma est aujourd’hui encore si mal connu, et qu’une entreprise de mise au jour s’est imposée et a donné naissance à ces soirées, à l’occasion du centenaire de sa naissance.
Barthes est peut-être celui qui, avec Deleuze et Rancière, a le plus donné au cinéma. Un rapide sondage dans ses OEuvres complètes donne la mesure d’un rapport permanent au septième art, depuis son premier texte publié consacré à Bresson en 1943 jusqu’au tout dernier puisque, quelques jours avant l’accident mortel du 25 février 1980, Barthes prononce, en présence d’Antonioni à Bologne pour la remise du prix Archiginnedio d’Oro, une allocution intitulée « Cher Antonioni… ». Au point qu’une manifestation sur « Barthes et le cinéma » revient à proposer une petite « histoire du cinéma » du XXe siècle deBarthes.
Ces soirées ne se contenteront pas, cependant, d’explorer ce que le cinéma a représenté dans la vie et dans l’oeuvre de Barthes, à travers son écriture critique ; elles entendent aussi montrer ce que le regard « résistant » de Barthes à la facilité du cinéma a apporté, et peut encore apporter à la création et à la pensée cinématographiques aujourd’hui. Ainsi, les grands noms du cinéma et de la critique qui viendront ici échanger rappelleront aussi bien le compagnonnage de Barthes avec la cinéphilie de son temps, ses amitiés, que la manière qu’il a eu de prendre le cinéma du dehors, par la sociologie, puis par la sémiologie, enfin par le « plaisir » même, pour le révéler autrement. Ce sera l’occasion d’explorer ce rapport à la fois critique et intime, cette écriture à la fois réticente et désirante, qui constituent la véritable passion du cinéma. »

Marie Gil

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