TEMOINS ALGERIENS DE LA « DECENNIE NOIRE » EN FRANCE Sociologie d’une dé/valorisation transnationale - Article - Janvier 2016

Tristan Leperlier

Tristan Leperlier, « TEMOINS ALGERIENS DE LA « DECENNIE NOIRE » EN FRANCE  », Europe. Revue littéraire mensuelle, numéro spécial « Témoigner en littérature » (sous la direction de Frédérik Detue et Charlotte Lacoste), janvier 2016, pp. 178-191. ISSN 0014-2751. 〈http://www.europe-revue.net/〉

Résumé

La problématique du témoignage (le genre et la posture du témoin) soulève plusieurs paradoxes. Les intellectuels menacés par le terrorisme islamiste y ont trouvé à la fois le moyen de lutter contre lui dans la poursuite de leur engagement de gauche, et une opportunité d’entrer dans l’écriture avec une posture valorisée en Algérie depuis la guerre de libération. Cette entrée s’est faite en outre dans la capitale de la reconnaissance des littératures francophones, puisque Paris et la France en général deviennent leur refuge tant physique qu’éditorial dans cette période. Mais si cette situation a permis, en particulier aux femmes, de publier, et notamment au moyen du genre du témoignage qui leur était à peine accessible en Algérie, elle n’a en revanche pas permis aux auteurs d’être reconnus à la hauteur de leurs attentes. D’une part en effet le monde littéraire français recherche d’autant plus chez les écrivains périphériques des écrits à caractère informatif que les contraintes économiques se sont accrues dans l’édition française ; mais d’autre part il reconnaît beaucoup moins que le champ littéraire algérien de valeur politique à la littérature. La posture du témoin autorise la critique française à rabattre ces textes sur le genre du témoignage, qui reste le plus souvent, dans les champs littéraires français comme algérien, à la lisière de la littérature. Ces auteurs ont donc un certain succès, mais dans la part la moins légitime, grand public, du champ littéraire français.

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