Les scènes musicales et leurs publics en France (XVIIIe-XXIe siècles) Colloque international

Organisateurs : Solveig Serre, Caroline Giron-Panel, Jean-Claude Yon

Paris, Opéra-Comique
2 place Boieldieu

Depuis le développement des scènes musicales sous l’Ancien Régime jusqu’aux applications les plus récentes de la notion de démocratisation culturelle, le rôle du public n’a cessé d’interroger les chercheurs (historiens, musicologues, littéraires, historiens d’art, sociologues, anthropologues, etc.) et les professionnels du spectacle, qui peinent à en cerner les contours et à en proposer une définition. Consubstantiel au spectacle, le public – ou plus exactement les publics – constitue une masse mouvante, cantonnée dans l’imaginaire collectif à un rôle passif. Or, depuis les revendications du droit de siffler à l’opéra jusqu’aux appels à monter sur scène, en passant par la légitimation des artistes via la pratique des « débuts », les publics semblent au contraire être partie prenante du spectacle musical. Dans ces conditions, le terme même de spectateur mérite d’être revisité à la lumière de la spécificité des scènes musicales, lesquelles, en proposant des œuvres alliant texte et musique, convoquent tous les sens et font de la représentation une expérience particulière. La question de l’horizon d’attente des publics des scènes musicales et des réponses apportées par les artistes et les institutions qui les accueillent doit elle aussi être interrogée – qu’il s’agisse des fameuses querelles du XVIIIe siècle, des sifflets qui accueillent au siècle suivant des chanteurs jugés trop peu impliqués sur scène ou des bagarres éclatant de nos jours entre stars du rock et membres du public.
Si des travaux récents ont mis l’accent sur la notion de réception, conférant aux publics la place qu’ils méritent, la spécificité des publics des scènes musicales reste à interroger. Ceux-ci peuvent-ils être appréhendés en tant qu’entité particulière ? Quelles interactions observe-t-on entre la salle et la scène ? La limitation de l’étude au cadre français implique-t-elle des caractéristiques propres à ce territoire ? Quelles sont ainsi les conséquences de l’ « exception culturelle française » ? En quoi les publics français se distinguent-ils de leurs homologues européens ?
L’ambition de ce colloque, volontairement interdisciplinaire, est de parvenir à faire émerger les caractères propres des publics des scènes musicales en France sur le temps long. En se limitant aux scènes musicales, entendues comme l’ensemble des spectacles mêlant texte et musique (théâtre lyrique sous toutes ses formes, concerts de variété et de musiques actuelles, etc.), il permettra d’identifier des modalités particulières de l’expérience du spectacle. De plus, en prenant la France comme cadre d’étude, il en déterminera les caractéristiques nationales.

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