Catherine Papanicolaou (études cinématographiques)
Jean Rouch n’a jamais paru questionner l’accent mis par l’école de Marcel Griaule sur les aspects mythologiques de la culture Dogon au détriment d’une attention aux coutumes renouvelées et à l’histoire en train de se faire, et il a sans aucun doute contribué à la diffusion de cette approche à travers ses films. Il est pourtant manifeste qu’il était pleinement conscient de ses partis pris et de ses limites. En effet, au cours de cette même période et sur d’autres terrains, il montait des films novateurs qui donnaient une existence cinématographique et des voix à ce et ceux qu’il voyait autour de lui, pour témoigner et capturer de manière unique un monde en plein bouleversement, en ces moments de transition et de changement radical entourant les indépendances des états de l’Ouest africain. Rouch, pris entre ces deux pôles, a créé une œuvre anthropologique très originale que j’exemplifierai lors de ma présentation (accompagnée, puisque le format du séminaire devrait m’y autoriser, de quelques courts extraits de films) en considérant cette dialectique en relation avec les tensions dans l’ethnologie africaine de l’époque.
INHA, Salle Walter Benjamin
Galerie Colbert
2 rue Vivienne
75002 Paris