« Qu’est-ce » qu’un écosystème littéraire ?

Organisateurs : Xavier Garnier, collectif Zonezadir

À l’heure où de nombreux chercheurs analysent ce que peut la littérature en matière d’écologie, il nous semble important d’interroger ce que l’écologie fait à la littérature. Il apparaît en effet décevant, voire contradictoire, de faire de l’écologie un simple motif pour les études littéraires sans prendre acte de ce que la crise écologique bouleverse dans notre rapport aux textes. Nous pensons que l’écocritique ou l’écopoétique ne peuvent se contenter de légitimer de nouveaux corpus, classables comme « littérature environnementale » dans un champ littéraire aux règles inchangées, mais qu’elles ouvrent la perspective d’une autre pratique de la littérature. La notion d’ « écosystème littéraire », que nous voulons interroger dans ce séminaire, ne sera donc pas simplement prise dans un sens métaphorique ; il s’agira de dégager son potentiel configurant pour l’activité littéraire, en parallèle à d’autres syntagmes opératoires comme le « champ littéraire » de la sociologie de la littérature ou le « système littéraire » de l’analyse institutionnelle.

L’hypothèse minimale que nous proposons à l’orée de ce travail collectif est que si la littérature est dépendante des contextes socio-culturels, elle fait également système avec des milieux de vie. Dans l’article de 1978 où il invente le terme d’écocritique, William Rueckert met directement en relation la littérature et la biosphère en « appliquant les concepts écologiques à la lecture, à l’enseignement et à la lecture littéraires » (Rueckert, 1978 : 73 ). L’enjeu de la notion d’écosystème littéraire est de porter l’attention critique sur mille liens qui associent les textes à des milieux, comme autant de lignes, de rythmes, de trajectoires qui font sens dans notre expérience du monde. C’est la vitalité de la littérature qu’il s’agira de pister à l’heure où un doute s’installe sur notre capacité à défendre nos écosystèmes.

Séances du séminaire

À venir

  • Xavier Garnier, "Autour de la Tidedalectics de Kamau Brathwaite.

    Que devient la dialectique dès lors qu’on la pose sur l’océan et qu’elle est prise dans les flux et reflux de la marée (tide), ou encore dans les cyclones et les ouragans ? Telle est la question que nous voudrions poser dans cette séance de lecture de textes autour de la notion de tidedalectics proposée à la fin des années 90 par le poète caribéen Kamau Brathwaite dans un ses ConVERSations with Nathaniel Mackey (1999). Peu reprise par la critique francophone, cette notion a eu un impact important dans les Caribean Studies et plus largement dans les Oceanic Studies.

    Pour Elizabeth DeLoughrey, qui en fait un fil conducteur de sa propre réflexion sur les écopoétiques insulaires océaniques, la tidedalectic permet de penser ensemble l’enracinement et le diasporique (cf. routes and roots, 2007), de faire interférer les mouvements de la masse liquide biotique (« eau lourde ») des océans dans les processus historiques, linguistiques et politiques (« Revisiting Tidedalectics », 2019) et de provincialiser l’anthropocène (Introduction de Allegories of the Anthropocene) .

    Nous lirons également un article d’Anna Reckin, qui établit un lien entre la tidedalectics et la production d’un espace sonore (Sound Space) propice au processus de créolisation, et quelques pages du livre d’Anny-Dominique Curtius sur les liens entre tidedalectics et la lianedialectique de Suzanne Césaire.

    Enfin le livret (téléchargeable sur internet) de l’exposition « Tidalectics » (juin à novembre 2017) du Thyssen-Bornemisza Art Contemporary (TBAC21), a recours à cette notion pour prendre le point de vue des océans (ocean worldview)

    Les texrtes à lire sont disponibles sur le site de ZoneZadir : https://zonezadir.hypotheses.org/xavier-garnier-autour-de-la-tidalectics-de-kamau-brathwaite-31-03-2023

    Salle A601, site de Nation
    8 avenue de Saint Mandé, 75012 Paris

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