Hybridité des spectacles non-théâtraux au XIXe siècle

Organisateurs : Patrick Désile, Valérie Pozner

De tout ce qu’il entendait promouvoir ou tirer vers la modernité, il semble que le XIXe siècle ait voulu faire un spectacle. De la peinture, de la sculpture, il fit des spectacles — ce furent le panorama, le diorama (cette « féerie de la peinture »), les tableaux vivants… De la technique, de l’industrie, des objets manufacturés, il fit des spectacles — ce furent des présentations d’inventions, des expériences publiques, et les Expositions universelles… Des voyages, des explorations, de la colonisation même, il fit des spectacles — panorama et diorama encore, cosmorama, néorama, navalorama, et les expositions ethnographiques… De l’histoire, de l’actualité, il fit des spectacles — panorama et diorama, toujours, reconstitutions de batailles, cabinets de figures de cire (le musée Grévin, « journal plastique »)… Des sciences, il fit des spectacles — géoramas, uranorama, démonstrations de physique, jardins d’acclimatation…
De ces croisements résultaient des spectacles inédits. Mais le goût d’associer simplement des spectacles préexistants se fit jour, aussi : des marionnettes donnèrent des spectacles de café-concert et des danseuses serpentines se produisirent au milieu des fauves… Le cinéma, surtout, suscita de telles combinaisons : il parut parmi les fantoches et les rayons X et s’accompagna bientôt d’auditions d’orchestre et d’attractions… François Bidel lança sa « ménagerie-théâtre-cinéma zoologique » et Georges Méliès tourna des bandes pour des féeries, des pantomimes…
On pourrait ainsi avancer que la formule de la prodigieuse inventivité spectaculaire du XIXe siècle fut l’hybridation. Hybride, hybridité, hybridation : ces notions, appliquées notamment à l’analyse de formes littéraires et artistiques de la modernité et de la post-modernité, ont connu une faveur récente. Mais c’est dans Notre-Dame de Paris que l’on trouve les premières attestations de l’emploi du mot hybride pour qualifier, non le produit du croisement d’espèces animales ou de variétés botaniques, mais, plus largement, « ce qui est composé de deux éléments de nature différente anormalement réunis » (Robert historique de la langue française) et le XIXe siècle en fit, dans l’ordre esthétique, un assez large usage.
L’hybridité pourrait ainsi constituer une clé d’intelligibilité pour les spectacles non-théâtraux du XIXe siècle, qui demeurent à bien des égards énigmatiques. C’est l’hypothèse que le séminaire se propose d’examiner en 2021-2022.

Les séances auront lieu un mardi par mois (aucune séance en décembre, trois séances en mai) de 16 à 18 h à l’Institut national d’histoire de l’art (INHA), 2, rue Vivienne (75002 Paris), salle Benjamin, en présence et en visioconférence (un lien sera adressé avant chaque séance, sur demande à : patrick.desile3 chez gmail.com)

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