Un cavalier épuisé, trempé, une nuit, pendant la guerre : nous sommes chez Claude Simon, à la fois dans la Route des Flandres et pas du tout, dans le même thème, au même rythme, mais pas dans l’extravagance épique du roman : dans le monde clos, et de moindre ampleur, de la nouvelle. Le Cheval, dont Mireille Calle-Gruber nous dit ce qu’il faut savoir en postface, est le « premier ouvrage romanesque abouti » sur un motif que Claude Simon reprendra dans d’autres livres, après qu’il lui a consacré, donc, la Route des Flandres (Minuit, 1960) : la défaite de mai 1940, le questionnement du soldat qu’il a été, rescapé de son régiment de Dragons décimé. Le Cheval a été publié en 1958, en deux livraisons des Lettres nouvelles. Le texte était resté inédit en volume, peut-être parce que, à côté du grand œuvre, ce n’est qu’un surgeon, le porte-clefs de la Rolls, si on peut oser une image pareille. Il s’ouvre et se ferme sur la cohorte des pauvres combattants, par une nuit noire où il pleut.